Ceci est le blog que je tiens pour les élèves dont j'ai la charge au collège Alain de Maromme.

samedi 22 décembre 2012

Premier juillet 1915 : lettre de Jules à Marie

Voici la seconde lettres transcrites par les élèves de troisième. Jules écrit à sa femme Marie.


Le premier juillet 1915 



Ma petite chérie, 

Je viens de recevoir ta lettre du 28 juin avec le mandat de 50 F. je te remercie bien, j’aurais maintenant de l’argent pour quelque temps. J’ai reçu en même temps une carte de Bourdon et Varlet, ils sont toujours en bonne santé ainsi que Millot. J’ai reçu aussi une lettre de Georgette Royconde. Il y a peu de chose de nouveaux à Luxeuil sauf que l’on est très inquiet au sujet de M. Bannerot et de Guéneley. Robert a été reçu au C.E.P. 

Ma chérie, j’ai lu en même temps que toi l’article dont tu me parles. Mais il faut te tranquilliser car cela ne concerne pas l’aviation, c’est du moins nos officiers qui le disent et c’est ce que m’a affirmé plusieurs fois l’adjudant quand nous en parlions. L’aviation n’est pas considérée comme service sédentaire mais fait partie des troupes en campagne, d’autant plus certaines escadrilles sont très rapprochées du front. Seulement, si le besoin d’hommes se faisait sentir dans l’infanterie, il n’est pas impossible qu’on ne vienne à en lever dans l’aviation. En attendant, sois tranquille, jusqu’à maintenant on ne l’a pas fait. 

Ta lettre m’a rassurée, mais aujourd’hui quand j’entends mon nom à la distribution des lettres je trembles toujours. Depuis la mort de notre pauvre Edmond je redoute recevoir de mauvaises nouvelles. 

Je suis heureux de savoir Titi aussi gentille et si j’allais la revoir je me demande qu’elle accueil elle me ferait. Elle parle de moi mais ne me connaît plus. Oui, elle viendra dans le train avec son papa Jules et pas maman Marie, mais quand aurons-nous ce bonheur comme autrefois, je me le demande. Cette pauvre petite chérie, j’en suis en mal, si tu savais. Elle va s’en payer cette année des cerises et des framboises, elle va rendre souvent visite à son oncle Maxime

Pierre a de la chance d’être tout près de Darney, mais à son âge c’est bien permis, je m’étonne même qu’il n’ait pas été renvoyé chez lui. J’ai su aussi que l’on allait lever des employés des postes et des chemins de fer. M. Jeaugey n’était donc pas encore mobilisé ? Tu me dis qu’il s’en va de Jussey, sans doute pour aller au régiment .Il y avait longtemps que je n’entendais pas parler de Gouillon , je suis content de le savoir en bonne santé, mis le petit Colson, sais-tu ce qu’il est devenu ? Mme Royconde est ennuyée parce que voilà 17 jours qu’elle n’a pas eu de nouvelles d’André. Mais je crois qu’elle n’a pas à se tourmenter, il ne doit pas être en danger. 

Je n’ai plus rien reçu de notre Jean Claude, je ne sais pas s’il est déjà parti pour le front. Je n’ai pas non plus reçu de nouvelles de Berthe. Tu ferais bien d’écrire à Louise ou à Denise

Ma chérie, tu embrasseras bien Titi pour son papa et à toi je t’envoie mes plus tendres baisers. 



Jules 

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